16/01/2013
Le Grand, le Maigre et l’Enveloppé
C’était la veille de la finale du «Mondiale» 1990. En Italie, évidemment. A l’époque, il n’y avait que les Italiens pour oser marier un récital d’opéras et une compétition de foot. Bon, ce n’était pas un récital ordinaire, il réunissait dans les Thermes de Caracalla, devant un public immense, les trois plus grands ténors du moment, Plácido Domingo, José Carreras et Luciano Pavarotti.
Au grand dam de quelques pisse-froid, horrifiés que tels artistes, je cite, «se prêtent à cette mascarade télévisée en beuglant dans des micros et charcutent les grands airs du bel canto». Ce fut un triomphe mondial. Cette seule soirée fit plus pour la popularisation de l’Art lyrique que six cents ans d’émissions d’Eve Ruggiéri et de Jacques Chancel réunies. Nous parlerons demain de cet événement avec Eric Vigier, le directeur de l’Opéra de Lausanne, qui organisa lui-même par la suite un tel spectacle à Madrid pour l’anniversaire du roi Juan Carlos.
Parce que, évidemment, les trois compères récidivèrent, comprenant qu’abandonner ce concept, dont une partie des bénéfices allait à une fondation contre la leucémie chère à Carreras, serait un gaspillage stupide. Et ils chantèrent en 1994 à Los Angeles, en 1998 à Paris, en 2002 à Yokohama, à Vienne en 1999 avec des cantiques de Noël, puis un peu partout où on leur demandait (je crois qu’Il n’y a eu que pour le mariage de ma sœur qu’ils déclinèrent la proposition, prétextant que le stade de Plan-les-Ouates n’était pas aux normes UEFA).
Mais, il n’y a rien de honteux qu’une action caritative devienne une entreprise florissante, car, comme le dit si souvent Jean-Marc Richard, qui aime à citer l’abbé Pierre: «Il y a toujours du bien à faire le bien!» Somme toute…
«Somme toute…» Tous les dimanches, à 13 h
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22/12/2012
Des livres au kilo
Longtemps, la lecture fut un plaisir solitaire. Puis on inventa la télévision, et on cessa de lire. Plus exactement, on ne lut plus que les écrivains qui passaient chez Pivot. A force de les retrouver tous les vendredis, on finit par considérer qu’ils faisaient partie de la famille. Et on voulut les voir en vrai, leur parler, les toucher. Alors, on inventa les Salons du livre, pour permettre de les rencontrer, et surtout de se faire dédicacer leur dernier ouvrage. A Genève, le premier s’est ouvert en 1987 et connut un succès immédiat, comme nous le confirmera demain Pierre-Marcel Favre, son fondateur.
Chaque année, au printemps, c’est une fête incontournable. Pour les visiteurs, j’entends… Parce que, pour les écrivains, ce n’est pas toujours drôle. Parqués dans des boxes souvent minuscules, une pile de leur déchirante autobiographie ou de leurs souvenirs de Mongolie devant eux, le stylo prêt à être dégoupillé, certains attendent des heures l’hypothétique chaland, le regard haineux fixé sur l’interminable file d’attente du stand d’à côté, où l’on a annoncé l’arrivée prochaine de la bimbo venue signer ses Mémoires, dans lesquels elle raconte en détail comment elle a fait l’amour avec Jean-Edouard dans la piscine du «Loft». Mais il y a pire, croyez-moi, je suis passé par là: j’avais commis un roman qu’en toute objectivité je trouvais génial mais qui ne rencontrait bizarrement pas l’accueil délirant qu’il méritait. Quand, miracle, un quidam s’approcha. Je le reconnus vaguement. Un copain de collège. Nous bavardâmes un moment, il saisit un de mes bouquins, le feuilleta soigneusement, puis le reposa négligemment, et repartit en me disant: «A la prochaine!» Je compris alors brusquement que je n’étais pas San-Antonio. Ni même Loana. Somme toute…
«Somme toute…» Tous les dimanches, à 13 h
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15/12/2012
La nuit tragique où Lady «died»…
La nouvelle nous avait cueillis au petit-déjeuner d’un dimanche d’été. On en avait avalé de travers son premier morceau de croissant, en bégayant d’une voix blanche: «C’est pas vrai…» En effet, ça ne paraissait pas possible. La princesse Diana, qui avait si bien su changer d’image, et passer de la délicieuse nunuche épousant son prince relativement charmant, mais héritier de la Couronne d’Angleterre, au symbole vivant de la Charité occidentale, ravalant dans l’opinion Mère Teresa au rang de simple gourgandine, était décédée dans un stupide accident d’automobile, et dans les rues de Paris en plus. La nuit, dans Paris, ce sont les motards ou les piétons, ou les jeunes poursuivis par la police, qui meurent, pas les princesses dans des Mercedes carrossées comme des panzers…
Mais, il fallut se rendre à l’évidence. On apprit bien vite que la Mercedes fatale roulait à 200 km/h pour échapper à une meute de paparazzi. Pour «Somme toute», j’ai demandé à Peter Rothenbühler, alors rédacteur en chef de la Schweizer Illustrierte , donc qui publiait peut-être des photos arrachées de Lady Di et de son amant, s’il se sentait un peu gêné, sinon complice, des conséquences de cette poursuite infernale. «Pas du tout, me répondit-il. D’abord, le seul responsable, c’est le chauffeur de la Mercedes qui était ivre.» C’est vrai, le circuit Paul Ricard a toujours été dangereux à haute vitesse… N’empêche que sans les paparazzis, le chauffeur du Ritz, même bourré, n’aurait peut-être pas touché son treizième pilier si vite…
Non, il n’est pas facile d’échapper aux paparazzis… J’y pense, c’est peut-être pour cette simple raison que Johnny était venu à Gstaad ou que Depardieu a décidé de s’établir en Belgique. Somme toute…
«Somme toute…»
Tous les dimanches, à 13 h sur RTS La Première
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