20/10/2012
La Toussaint des anguilles
Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Bâlois furent réveillés ce 1er novembre 1986 par les sirènes et peut-être aussi par l’odeur pestilentielle qui avait envahi l’air ambiant. Des voitures équipées de haut-parleurs parcouraient les rues en leur intimant l’ordre de rester chez eux, de fermer les fenêtres et d’écouter la radio. Les entrepôts de Sandoz étaient en flammes.
Sacré baptême du feu pour notre invité de dimanche, Edgar Fasel, à l’époque nouvellement nommé porte-parole de la firme. Car Sandoz devait communiquer, mais quoi? Les entrepôts brûlaient, c’est sûr… Mais que contenaient-ils exactement et en quelle quantité? Mystère. La gestion des stocks n’était évidemment pas informatisée, seul un «carnet du lait» vaguement rempli à la main attestait de la présence d’innombrables substances différentes, toutes plus toxiques les unes que les autres.
Dans le doute, les pompiers inondèrent le foyer de 15 000 m3 d’eau, eau qui s’empressa de s’écouler dans le Rhin tout proche. Ce déversement de saloperies évita sans doute des victimes humaines, mais eut pour conséquence d’éradiquer pratiquement tous les poissons jusqu’à Rotterdam. Depuis 1986, Dieu merci, nous avons fait de gros progrès. Dans la gestion des stocks, bien sûr. Parce que dans celle des crises, c’est moins sûr. Le problème, avec les crises, c’est un peu comme avec les querelles de ménage, elles sont d’autant plus violentes qu’elles sont moins prévisibles. Pensons simplement à Fukushima…
Et, aujourd’hui, grâce à la Toile, la rumeur va nettement plus vite que dans l’air de la Calomnie de Rossini. Il paraît que trois ans déjà après la catastrophe, les premiers saumons remontaient de nouveau jusqu’à Bâle. La preuve qu’avec les oméga 3 l’absence de rancune est la principale qualité des poissons gras. Somme toute…
Tous les dimanches, à 13 h
09:31 Publié dans La coulée douce | Tags : matin, semaine, invité | Lien permanent | Commentaires (0)
13/10/2012
La Fête à la chanson romande
Ils étaient venus, ils étaient tous là. Tout ce que la Suisse romande comptait de chanteuses et de chanteurs. Ou presque. Il manquait juste Chastelain et Sarclo. Chastelain avait une bonne excuse, il était en prison pour objection de conscience. Parce qu’à l’époque il arrivait aux chanteurs d’aller en prison pour d’autres motifs que la prise de stupéfiants, la conduite en état d’ivresse ou les violences domestiques.
Comme c’est loin tout ça… C’était en septembre 1979, un samedi après-midi ensoleillé, à Vidy. Plus de cinq mille spectateurs étaient accourus pour cette fête. Pour beaucoup des artistes présents, plutôt habitués à des audiences plus confidentielles, ce fut Woodstock-sur-Venoge. Le bonheur était dans le pré, et chaque prestation, quel que soit son genre, fut acclamée, les spectateurs goulus avalant tout avec une égale délectation. Et lorsque Gilles, notre Gilles, intronisé naturellement pape de la chanson romande, monta sur scène, l’ambiance devint incandescence. Malgré notre bruyante insistance, il nous expliqua qu’il ne chantait plus depuis longtemps, mais il voulut bien tenter de réciter «La Venoge». Et nous assistâmes à un miracle. Le temps de deux couplets, un vieux monsieur redevint star de scène, et obtint un triomphe à faire pâlir de jalousie les jeunots qui avaient commis l’imprudence de l’inviter.
En passant, j’ai demandé à Michel Bühler, qui était évidemment un des fers de lance de l’événement, si les artistes avaient été payés pour leur participation. Il ne s’en souvenait pas vraiment, mais ça n’avait pas trop d’importance. En trente-trois ans, quelle révolution copernicienne, à l’époque on faisait de la scène dans l’espoir de vendre des disques, aujourd’hui, on balance sur le Net sa production, dans l’espoir de faire quelques galas. Somme toute…
«Somme toute…»
Tous les dimanches, à 13 h
09:27 Publié dans La coulée douce | Lien permanent | Commentaires (0)
06/10/2012
Le beau matin de Madiba
Tous les dimanches, à 13 h
11:09 Publié dans La coulée douce | Lien permanent | Commentaires (0)